CONCLUSION. Dans toute situation historique, pour la conscience, pour l’être, pour les hommes qui vivent cette situation, il y a toujours de l’historique non dominé. Je pourrais prendre des exemples au xixe, mais il y en a un, au xxe, qui me parait absolument foudroyant, celui de Céline. Je ne le crois pas... Ce n’est pas un mode de connaissance ; cette « littérature »-là n’apprend pas à lire le réel. Or c’est une constatation de l’expérience que l’école a dégoûté de la lecture une masse énorme d’enfants. La réactualisation du texte littéraire par la décensure pour­rait et devrait redonner le goût de la lecture. Aujourd’hui, qu’est-ce qui fait que nous pouvons faire une lecture politique, une lecture historique d’Armance ? Cette analyse de Paul-Louis Courier fonctionne encore en 1825, pour beaucoup de gens, d’autant plus que le ministère Villèle provoque, dans la masse pensante française, et aussi dans les masses populaires, des réactions aisément sim­plificatrices. Mais l’éducation qui s’y donnait était essentiellement orale, la réception de l’œuvre s’opérait surtout par l’ouïe, accessoirement par la vue. Je pense à des travaux un peu abandonnés à la mort de Goldmann, sur la fameuse classe pensante de Stendhal, c’est-à-dire ce milieu d’intellectuels qui n’est pas riche, mais gagne sa vie par sa plume, et constitue un groupe relativement autonome à l’intérieur de la société, qui a des relations assez tendues avec le libéralisme, avec le pouvoir d’argent, qui, malgré tout, est très opposé à l’Église, à l’aristo­cratie. Mes recherches portent sur les relations entre littérature et société. Premièrement, ce nouveau discours bouleverse, subvertit de l’in­térieur la forme du pamphlet. Il y a là une relation entre le pouvoir de l’argent et la galanterie. A travers les T.P.E proposés au lycée Bonaparte ( Toulon ) nous devions combiner la matière de la Science Economique et Soiciale et le Français. Bien sûr, l’école est un lieu positif, un endroit où l’on apprend à lire. Pour cela, je lis évidemment d’une certaine manière, en fonction d’un questionnaire déjà tout prêt. L’historien de la littérature doit prendre ses risques avec les textes en fonction des risques que lui-même prend dans le monde qui est le nôtre. D’autre part, cette littérature qui est naissante, dont les œuvres les plus importantes ne sont peut-être pas d’ailleurs publiées, éditées, remarquées, comment pourrions-nous la juger ? Lorsqu’en 1825, Stendhal explique que les industriels sont les champions de la liberté, c’est-à-dire les libéraux de l’époque, lorsqu’il dit que les industriels ont besoin d’un certain degré de liberté, il fait de la liberté, de la conception politique de la liberté du parti industriel et libéral, une lecture que, nous, qui, bien entendu, avons été formés par Marx, faisons plus rapidement. Quelle(s) relation(s) à la norme et à la forme scolaire ? ... condition fondamentale pour la survie d’une société » (Höpflinger, 2008 : 23). De deux manières. Nous vous souhaitons une bonne lecture et découverte de ce site. C’est l’institution qui, en France, apprend à lire. On n’en est plus au Corneille démonstrateur de la valeur du devoir, etc. En somme, il s’agit de dépasser la vieille opposition entre l’his­toire littéraire de type psychologique et l’histoire littéraire de type sociologique. Il est bien probable, à l’inverse, que des historiens souhaiteraient trouver chez des spécialistes de l’histoire de la littérature des réponses qu’ils ne trouvent pas non plus. Je n’arrive pas, en face de vous, à me départir de mon attitude qui consiste à considérer une société ancienne dans sa globalité. Quelle reliance favoriser entre culture scolaire et culture familiale ? C’est extrêmement important, car cela signifie, à mes yeux, que la littérature ne mourra pas. On a besoin de cette description statique : savoir comment les gens pensaient, quelle était leur idée du temps, etc. Donc, je m’intéresse aux relations entre la culture et l’apprentissage de la langue, pour que ensuite, nous puissions proposer des activités pédagogiques sur la littérature en s’adaptant les attendes des apprenants. Finalement, on sait tout sur Voltaire mais il reste le génie, l’insondable, ce qui échappe à nos prises. Ce discours est littéraire en ce sens qu’il ne dispose pas de concepts clairs, qu’il ne peut pas donner d’analyses parfaitement satisfaisantes. Il y a celui qui écrit, bien entendu, qui s’interroge, qui considère que les instruments d’analyse à lui fournis ne conviennent plus, et qui cherche à dire ce qu’il perçoit, ce qu’il ressent, ce qu’il voit, ce qu’il vit. Mais cela ne m’intéresse non moins, moi historien. Les romans de Mme Guizot, en 1825, les romans de Mme de Montolue, après, toute cette littérature féminine massivement distribuée et lue, est-ce cela, la littérature ? Je voudrais bien préciser que ma démarche a une valeur et une ambition d’abord tactique. Je lisais avec attention, il y a quelques jours, le texte où Monsieur Fontanet présente sa loi d’orientation – c’est un texte litté­raire. Alors que, pour prendre un exemple, si j’essaye de me figurer ce que fut l’explosion événementielle provoquée par les chansons que composa Guillaume d’Aquitaine, un peu après l’an 1100, les possibilités d’hypothèse explicative deviennent plus grandes, les essais de compréhension beaucoup moins décevants, dans la mesure même où l’historien doit jouer sur un éventail extrêmement fermé de sources. Une œuvre qui fait effraction dans l’idéologie, qui fait craquer cette croûte, cette carapace d’idéologie, ne peut être comprise du lecteur qui est, lui-même, immergé dans cette même idéologie. Il ne faut pas confondre la prise de position explicite de l’écrivain et l’effet de son texte. LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ – RESSOURCES DOCUMENTAIRES POUR LA DÉCOUVERTE DES MÉTIERS ET DES FORMATIONS – MARS 2011 ... ont existé entre un type de support – notamment le livre – et des modalités de production et de réception des textes. Dans l’idée de Bonald, la formule : « La littérature est l’expression de la société », avait une valeur répressive. Les sociétés modernes vivent ce dilemme quotidiennement. Ne pensez-vous pas que, pour tenter de s’approcher de ce problème central, nous pourrions partir de la création littéraire ? Littératures. Sur un exemple que j’ai travaillé, je pourrais argumenter pour démontrer que la crise économique de 1827 est beaucoup plus importante, pour l’histoire des mentalités, la relance du roman­tisme, que la révolution de 1830. Pour l’écrivain – et l’écrivain ce n’est pas seulement le poète ou le romancier, mais aussi le critique, car, aujourd’hui, il n’y a plus de hiérarchie entre discours critique/discours non critique –, pour l’écrivant, comme dit Sartre, il existe des moments – presque tous les moments – où il n’y a de permission à demander à personne. Pour eux, il ne s’agissait plus de dire qu’une société mauvaise a néces­sairement une mauvaise littérature, mais de trouver une expli­cation scientifique de la littérature. Mais si l’école n’est pas que cela, elle est quand même massive­ment cela. Gulnara Aitpaeva, Marc Toutant (dir. C’est peut-être la littérature d’un point de vue quantitatif, sta­tistique, mais ce n’est pas la littérature en tant qu’activité spéci­fique, c’est-à-dire en tant que mode de connaissance. Pour qui ?, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1975, pp. Prenons l’exemple de Roger Vailland. Ceci dit, la lecture que je propose n’est pas exclusive. Je retrouve ici mon problème institutionnel, le problème de la formation que nous avons reçue. Je constate que l’un des résultats de cette parcellisation de notre formation est qu’on arrive au bord de questions aussi importantes sans disposer des moyens pour y répondre. Je me réfé­rerais volontiers à l’essai de définition que propose Jacques Le Goff dans une étude encore inédite : il réserve le mot de menta­lité – d’ailleurs ambigu, insatisfaisant – au tout-venant de la pensée, aux routines de l’esprit, à une trame de réactions intel­lectuelles banales, habituelles, à ce que tout le monde a dans la tête mais à quoi personne ne pense jamais. À l’inverse, la joie de lire conduit au sens. Mais quand on ne désire pas, on censure sa propre vie, on s’empêche de vivre. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. J’entends par là que ces auteurs existent, bien sûr, on en connaît les noms, mais qu’on n’en connaît pas la biographie. Les démarches idéalistes se ressemblent toujours, en ce sens qu’elles sont manichéennes. Les historiens se posent-ils aussi ce problème des relations entre le phénomène de la production et celui de l’écriture ? Ce que vous dites là me paraît important, l’historien peut être intéressé par Armance, s’il veut comprendre, lui, ce qu’était le milieu social dans lequel Stendhal était plongé et s’il veut restituer la conscience que Stendhal prenait de sa propre posi­tion. J’ai sans doute la chance de m’intéresser à une époque où l’on arrive à mettre en évidence certaines frustrations collectives. Copyright 2014 - Chaire ÉDISOC. Qu’en pensez-vous ? qu’essayait-il, consciemment ou inconsciemment, d’exprimer ? Lorsque les gens du Globe, comme Rémusat, lorsque les saints-simoniens se sont emparés de la formule de Bonald, ils ont cherché à lui donner un contenu positif et nouveau. Lisez ce Société Synthèse et plus de 248 000 autres dissertation. On peut se poser aussi la question de savoir si le peintre, au xixe siècle, n’était pas plus libre, plus dégagé d’un certain nombre de contraintes, que ne l’était l’écrivain. Pour moi, ce n’est pas cela la littérature. Une redécouverte de la vie et de l’œuvre de cette figure turbulente s’impose. Je pense à ce que Lucien Febvre faisait pour Rabelais, par exemple. Première publication dans Écrire… Pour quoi ? Si vous prenez « littérature » au sens de « production de masse », ce qu’on lisait en 1825, il est bien évident que ce n’était pas Armance. Je me souviens de la manière dont on m’a fait lire La Fontaine : on se servait de ces fables pour renvoyer à une morale sceptique de l’homme éternel, etc. Ce n’est pas la même chose. Ils ont le choix entre "l'obligatoire" : économie et pfeg (qui sont regroupés) et des couples - littérature et société - arts visuels - littérature et société - mps - espagnol - mps Parmi ces quatre enseignements, ils doivent en choisir 2 par ordre de préférence Elle passe par une « forme-sens » matricée – eïdos global qui façonne l’ensemble des domaines socio-culturels, plus exactement qui façonne l’eïdos de chaque domaine socio-culturel. Diffusion sur France Culture le 2 avril 1974. J’ai vécu la période d’après la Libération, et j’ai cru moi-même que la littérature était une forme culturelle appelée à dépérir le jour où une humanité plus consciente, mieux armée conceptuellement, politiquement, etc., marcherait vers un destin plus sûr, et j’ai pensé autrefois que la littérature pouvait peut-être appartenir à une forme préhistorique de la culture. Lorsque je commence, avec des agrégatifs, à étudier La Princesse de Clèves, je vois qu’au début du texte on trouve le mot galanterie, et puis qu’il y a l’argent. Certains auteurs ( romanciers du 19ème siècle, comme Stendhal ou Balzac) ont dit que la littérature est "le miroir de la société": selon eux, les romans permettent de découvrir et de comprendre les mécanismes sociaux, et la psychologie des personnages de "papier" donne une idée claire de celle des êtres réels, de leurs relations entre eux. Intériorisé, transposé au niveau des consciences, cela débouche sur des conflits qui se présentent en termes psychologiques, mais sont loin d’être de nature uniquement psychologique. Ces inadéquations nouvelles, le discours politique établi, reçu, ne peut plus les dire. Ne croyez-vous pas que la liberté de l’écrivain est toujours partielle ? Mais il y a aussi le problème du lecteur. D’autre part, une certaine histoire littéraire émerge petit à petit, infiniment plus lucide, pour les périodes anciennes surtout, qu’elle ne l’était il y a vingt ans. LA RELIGION DANS LA LITTÉRATURE: ENTRE LE SACRILÈGE ET LA RATIONALITÉ . À partir de la fin du xixe siècle, quand l’étude de la littérature est devenue un phénomène scolaire global, cette école entendait-elle nous faire lire réelle­ment la littérature ? Le débat est ouvert, mais moi, j’annonce la couleur ! L’histoire nou­velle appelle en effet une histoire des idéologies. C’est une époque profondément négligée. Je ne dis pas que cela en épui­serait le sens ni l’intérêt. -Un enseignement qui se propose de réfléchir à la relation entre certaines formes d’expression, littéraire, artistique et la société … On n’a pas le droit de barrer le texte célinien au nom des positions politiques de Céline. C’était la grande contradiction positiviste. Actuellement, nous sommes assez démunis. La tendance systémique comme nouvelle approche sociologique 79 4.3. De l’autre côté, il y avait la série freudienne, la série de l’analyse de la personnalité. D'une part, les écrivains ont toujours tenu plus ou moins compte des découvertes scientifiques1 d'. Les sociétés anciennes que j’étudie n’étaient pas dépourvues de ce que nous appelons littérature. Je voudrais donner deux exemples. Y a-t-il des grandes œuvres réactionnaires ? Enfin, le recul est ici suffisant pour reconnaître dans ce qu’exprime l’œuvre littéraire dont je parle la meilleure affirmation d’une contre-culture face à la culture dominante. Il est certain que le déve­loppement de la science historique, de la conscience politique, et le développement des luttes font qu’on est mieux armé. La continuité existe bien entre cette mise en perspective et les ouvertures ménagées par l'enseignement d'exploration « Littérature et société » de la classe de seconde - notamment pour ce qui est de la réflexion sur le choix et l'évolution des supports et sur la manière dont ils conditionnent la production et la réception des textes. Nous sommes effectivement arrivés à l’heure du capitalisme artistique, mais ce qu’il faut voir aussi , c’est que la pratique artistique devient de plus en plus répandue. Si les Français n’ont pas le goût de la littérature, cela tient d’abord à des conditions matérielles. Pendant longtemps on a eu deux séries qui fonctionnaient en parallèle, s’ignorant parfaitement : d’un côté les sociologistes, c’est-à-dire les mauvais marxistes qui restaient pénétrés de posi­tivisme – quel est le marxiste français qui ne traîne pas de l’Hippolyte Taine et de l’Auguste Comte avec lui ? Nous ne jugeons pas, en particulier, de ce qui est essentiel, de la nouveauté, de ce que ces œuvres peuvent avoir de prémonitoire : par définition, cette annonce encore « illisible » nous échappe. J’ai donc toujours eu, ou toujours cherché à avoir, avec l’Histoire, les historiens, des relations qui ne sont peut-être pas très familières ou habituelles aux littéraires. Dans le domaine de l’histoire littéraire moderne, ce n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible. Voilà, pour l’historien des mentalités, un champ de recherche fondamentale­ment opportun. Il n’est pas question du tout de réduire l’école à ce fameux Appa­reil Idéologique d’État, qui serait uniquement et intégralement répressif, où on ne ferait que reproduire l’idéologie dominante. Aujourd’hui, il ne faut pas plaquer mécaniquement des schémas valables pour le xixe siècle. Il n’en demeure pas moins qu’à partir du moment où on fait la lecture historique du document littéraire, le document littéraire ne cesse pas pour autant d’être intéressant en tant que littéraire, c’est-à-dire que la lecture de sa signification historique fait qu’il y a, malgré tout, un reste. Or l’historiographie officielle vous parlera toujours des barricades de Delacroix, mais jamais de la première grande crise de surproduction de 1827. Un important blocage joue. C’est le serpent de mer de l’interdisciplinarité. C’est un phénomène socio-scolaire très important. La relation bancaire avec la clientèle des particuliers : revue de la littérature Deuxième volet : Sélection et … Ce qui m’inquiète un peu, c’est que les formules que j’em­ploie, ma conception même des problèmes qui vous préoccupent, Pierre Barbéris, risquent de vous paraître inadéquates. À partir de ce sentiment de porte-à-faux, il y a écriture. Je pour­rais prendre un autre exemple, qui m’est très cher. Cette relation des Guyanais et des Antillais se justifie-t- ... des sciences de l’homme et des sciences de la société : histoire littéraire, théorie de la production littéraire, ethnologie, sociologie, anthropologie, en même temps que ceux de l’analyse ... entre littérature en langue française et littérature en C’est un pamphlet où les choses apparaissent moins nettes, mais, très vite, il met en cause le vocabulaire même du pamphlet, et Stendhal va écrire Armance. Je ne le crois pas. Il n’y a pas d’enseignement neutre, il n’y a pas de lecture neutre. Alors, que Bonald ait été le théoricien du pouvoir absolu, tant pis pour lui ! Posé en termes clairs, le pro­blème des rapports entre les soubresauts, les crises économiques du xixe siècle, et l’évolution culturelle du xixe siècle, conduirait à une réflexion non plus seulement sur le xixe siècle, mais sur les problèmes immédiatement contemporains. J’ai donc toujours eu, ou toujours cherché à avoir, avec l’Histoire, les historiens, des relations qui ne sont peut-être pas très familières ou habituelles aux littéraires. Je leur ai expliqué que ce Rastignac, un jour, serait ministre. La collision sociale tend à ne plus être la collision aristocratie-bourgeoisie mais à s’installer à l’intérieur même du bloc libéral. Dans un premier temps, une mise en perspective historique correcte, par exemple une lecture des fables de La Fontaine comme des colbertades, ne serait-elle pas un moyen de remotiver l’élève ? Qui impose actuellement des types de lecture ? Ces deux formes d’art sont reliées par quelques-unes de leurs composantes, et deux principales vont être abordées : la notion Mais, à cette époque, le texte littéraire de Stendhal anticipe sur des analyses politiques. On a du mal à lui donner un contenu nouveau, on a du mal à le matérialiser, à le concrétiser, parce que les formes de relève n’existent pas encore, mais il n’en demeure pas moins qu’il existe là un sentiment de porte-à-faux. Comment lit-on, par quoi lit-on, à travers quoi lit-on : à travers le discours de l’école. Vous avez l’air de dire qu’une connaissance scientifique, une compréhension scientifique du texte, serait contradictoire avec une gustation. C’est-à-dire à placer l’œuvre littéraire, exceptionnelle, extraordinaire, ou au contraire très ordinaire, à l’intérieur d’un ensemble qui la détermine, mais qu’elle surdétermine elle-même. Il y a donc là une double reconnaissance du pouvoir spécifique de décrire le réel de la littérature, reconnaissance qui vient des historiens eux-mêmes. Ce site est une réponse au sujet de T.P.E des premières du lycée Bonaparte. Ce sont ces ondes qui, peu à peu, se développent, se trans­forment avec le temps, se répercutent, qui vont buter contre tel ou tel obstacle – c’est ce jeu d’influences, d’interférences – qui m’intéresse spécialement. Or il ne nous est guère facile de démystifier le système idéolo­gique dans lequel nous baignons. Je considère d’autre part qu’il y a, dans l’œuvre littéraire – non pas dans toutes les œuvres littéraires, et c’est d’ailleurs ce dont nous pourrons discuter –, l’expression globale, sinon d’une structure sociale, du moins d’une certaine représentation collective, une image mentale de ce que fut, pour les contemporains, la société d’une époque donnée. LA REPÉSENTATION DE LA LIBERTÉ ET L'OPPOSITION ENTRE LES CADRES INSTITUTIONNEL ET ORGANISATIONNEL DE RÉGULATION DE LA SOCIÉTÉ 71 CHAPITRE IV DISTINCTIONS ENTRE L'ORGANISATION ET L'INSTITUTION 73 4.1. Ceci pose un problème important. Et elle n’est pas là en contradiction avec l’Histoire. Dans la mesure où la littérature a ce pouvoir de connaissance et ce pouvoir d’anticipation, cela veut dire qu’il faut qu’elle soit lue. Dire que les Français n’ont pas le goût de la littérature, par exemple, ce serait tomber dans une typologie de type psycho­logique un peu simple. Différence principale - Histoire vs littérature. Je ne sais si je prêche pour mon clocher, mais j’ai l’impression que l’histoire de périodes plus anciennes, la moderne, la médiévale, est, au plan de la probléma­tique, de la technique d’explication historique, singulièrement plus avancée, actuellement, qu’une histoire d’un passé moins lointain. Et je pourrais aussi, me réfugiant, pour mon confort personnel, dans un domaine de recherches qui est le mien, dire, s’il s’agit d’exa­miner les rapports possibles entre littérature et société au xiie siècle, que des recherches déjà anciennes sur l’évolution écono­mique de l’Occident à cette époque, des recherches plus récentes, encore imparfaites, sur l’évolution sociale de l’Occident à cette époque, permettent, à mon avis, de situer de manière beaucoup plus satisfaisante la littérature courtoise, par exemple, de la mettre en rapport plus précis avec un certain nombre de struc­tures, qui relèvent des relations économiques, à un certain niveau de l’édifice social. La littérature, quant à elle, s'essaie à diverses formes d'argumentation, directe ou indirecte. Puis arrivait un moment où l’on disait : on est au bord du mystère. Les connotations métaphysiques de « créa­tion » sont assez gênantes ; j’aimerais mieux parler d’entreprise que de création. Il y a donc une mentalité 1825, une certaine vision du monde ; puis, pour des raisons extrêmement complexes, sur certains points, des hommes commencent à penser autrement, commencent à se dire, par exemple, que le clivage principal n’est peut-être pas celui que l’on croyait, qu’il y en a peut-être un autre. Tant que la société elle-même ne sera pas culturelle, je ne vois pas comment l’école pourrait l’être. Ce n’est pas du tout ce que cela veut dire... Vous pensez qu’en expliquant cela à de futurs lecteurs, vous leur donnerez le désir de lire ? Vous êtes fort critique à l’égard d’une histoire de la litté­rature, parce que celle qui vous est familière, celle du xixe siècle, n’est peut-être pas la plus avancée. Il est plus confortable de faire celle de la Première Croisade... Il faut bien se rendre compte à quel point l’approche sociologique de l’actualité est difficile. Mais malgré tout très intéressé par la distorsion qui peut exister entre le discours que vous tenez sur Armance et Armance. Le lansonisme, par exemple, a prétendu honnêtement établir un lien entre littérature et société. Or, si l’on s’intéresse à la littérature plus proche, le problème change un peu de nature parce que Stendhal, par exemple, a une bio­graphie : il a perdu sa mère quand il était gosse, on connaît toute une série de traumatismes, etc. Il y a d’abord des problèmes matériels. Sommaire PLAN INTRODUCTION I-Ecriture-Lecture II-Relation entre auteur et lecteur III-Ecriture- Engagement CONCLUSION I NTRODUCTION Qu’est-ce que la littérature ? Et c’est vrai qu’on a tous en nous un côté artiste. Deuxièmement, cela tient à un certain type de lecture. On a toujours des problèmes de définition. C’est la lecture de Menie Grégoire, et elle est fortement intériorisée. APPANAH, … Comment intégrer dans la formation des futurs enseignants l’enseignement d’une littérature qui « fait société » ? Ne peut-on plus faire une lecture sans historiser le texte ? C’est en cela que, tout à l’heure, je m’élevais contre cette conception un peu métaphysique de la création littéraire. Mais on en arrive à quelque chose qui m’inquiète : l’écrit se perd. Ainsi l’art est un facteur important de civilisation, et aucune société ne peut vivre sans art. Il se trouve alors que telle personnalité ou tel groupe, pour des raisons dont beaucoup échappent aux instruments d’observation dont dispose l’histo­rien, se trouvent créer une œuvre dont le contenu explose, dont le choc retentit à différents étages, est perçu plus ou moins vite, plus ou moins clairement, à tel ou tel niveau de l’édifice culturel. Au moment où l’écrivain écrit, où il recourt à un langage littéraire, il a des raisons. Oui, car une fois que l’œuvre est écrite, elle agit. Il y a certes une relation auteur-œuvre, mais l’œuvre est une chose et l’auteur une autre ; il ne faut pas mélanger. Je dirige des études sur les structures familiales et la sexualité des xie-xiie siècles, qui seront, je l’espère, éclairantes, qui permettront peut-être de déplacer un certain nombre de questions ; elles com­mencent à peine. Il mettra en avant les liens existant entre la littérature et de nombreux phénomènes de société. e leur temps' On sait d'autre part que la … Je pense qu’un texte n’existe que par ses lec­tures. Il y a une censure systé­matique sur les problèmes sociopolitiques. L’étude de ce milieu a été très sérieusement amorcée ; je pense aux travaux de Geneviève Mouillot, par exemple. Il sait d’autre part très bien que l’argent, la politique, comptent. J’aurais tendance, personnellement, à me demander d’abord : lorsque Stendhal écrivait Armance, à qui voulait-il s’adresser ? On peut découvrir le roman dans l’édition recommandée par Gallica, mais aussi admirer la superbe édition illustrée par Serge de Solomko.L’essai Mme de La Fayette propose un résumé du roman. Il n’en demeure pas moins que Stendhal, obscurément, s’aper­çoit que le discours de Paul-Louis Courier ne marche pas, c’est-à-dire que la contradiction fondamentale de la société a cessé d’être la contradiction libéralisme-ultras, a cessé d’être la contra­diction que nous appellerions aujourd’hui la contradiction bourgeoisie-aristocratie. Ils s’appuyaient notamment sur les premières réflexions de Mme de Staël, son ouvrage De la littérature où elle aussi essayait d’établir une relation précise, scientifique, entre littérature et société. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Pourquoi faudrait-il opposer une lecture de type ludi­que à une lecture de type scientifique ? C’est un aspect important, car si nous ne lisons pas, ou si nous avons du mal à lire la littérature en fonction de ses relations vraies avec la société, c’est parce que l’institution scolaire ne voulait pas que nous lisions ce rapport. La masse libérale étant indifférenciée, englobant aussi bien les ouvriers que les patrons, les intellectuels que les pro­priétaires d’usines, etc. On apprend à lire en évacuant ces grandes contradictions que le gosse vit, dont il connaît parfaitement l’existence ; et cela peut expliquer une désaffection profonde pour la lecture. Je vais essayer d’en prendre un exemple. Ce qui est important, pour moi, c’est, après la détermination de ce milieu, de chercher à voir comment se greffent sur ces déterminations qui, elles, sont collectives, des déterminations personnelles, qui, elles également, sont extrêmement importantes. Mais je considère qu’une autre histoire, l’histoire de la production artistique, est déjà beaucoup plus libre, et permet de poser plus nettement les problèmes, et notamment celui-ci : pourquoi, comment la production picturale fut-elle, à certaines époques, et notamment vers la seconde moitié du xixe siècle, beaucoup plus évidemment prémonitoire que le roman ou que le théâtre ou que l’essai ? Ceci dit, il a son langage propre, et il dit des choses que ne dit pas le document historique. J’ajouterai que si Armance n’a pas été compris sur le moment, Armance a également été très mal compris par les stendhaliens, car toute l’école d’Henri Martineau en a constam­ment censuré l’aspect socio-politique, et s’est enfermée dans des histoires de psychologie, d’impuissance d’Octave, de souvenirs de Stendhal, etc. : « Vous vous rendez compte de l’image de la France que vous donnez à vos élèves ? Bibliographie. Si les gens sont prisonniers d’une certaine vision du monde, d’une certaine pratique, il n’empêche qu’il se produit ce que Péguy appelait des efforcements, c’est-à-dire que la conscience progresse à certains moments. Le contenu de ce site est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. La galanterie signifie la pratique extra­conjugale de l’amour. Bien sûr. Mes recherches portent sur les relations entre littérature et société. The presentation describes the impact of the institutional discourse produced by the organization of Francophonie on the aesthetical canon of “littérature francophone”.